BRM 300 de Grenoble - 5ème participation, les cheveux dans le vent
Dimanche 24 Avril 2014 : cela fait à peine 24h que je suis rentré d'Athènes où j'ai passé quelques jours de congés sous un chaud soleil, qu'il est déjà l'heure de tenir mes engagements à savoir ma participation au BRM 300 organisé depuis au moins 2010 par Jean-Philippe BATTU.
Ce tour du Vercors, je crois que je l'ai découvert en 2010 avec Bruno, puis j'y suis retourné en 2011, 2012, 2014... et donc cette année. Il était prévu au programme l'an passé mais avait du être annulé pour cause de météo...
Bon la météo parlons en : Jean-Philippe nous promet un beau brevet... Il n'a jamais rien promis pour la météo... Et quand on revient d'Athènes et de ses 27°C et qu'on arrive à Grenoble la veille au soir sous les trombes d'eau et que corser le tout la renarde promet un vent ++++ sans Crest Chabeuil... ça fait réfléchir...
Comme j'ai réservé l'hôtel je suis bien obligé d'y aller :-) La veille au soir j'arrive, je vais diner, et dépose ma voiture au niveau du départ... et retourne à l'hôtel à vélo. Du coup, le matin j'ai prévu de me lever à 2h45 et d'être sur la ligne à 3h15.
Sauf que je suis réveillé dès 2h... Je trainasse donc devant Facebook puis la télé et comme prévu je suis à 3h15 sur la ligne de départ. Il y adéjà une bonne demi douzaine de participants. Nous serons au final une petite quarantaine, certains ayant annulé hier, d'autres ayant décidé de rebrousser chemin au péage de Voreppe...
Bon côté météo je suis "rassuré"... il tombe encore des gouttes mais ça a l'air de vouloir s'estomper... Par contre le vent lui il ne s'est pas calmé... au contraire... et il est 3h30. Il souffle du nord / nord-ouest et je me dis que la journée risque d'être compliquée.
Disons, si on veut voir le bon côté des choses, qu'on l'aura dans le dos jusque Aspres sur Buech et dans les 15 derniers kilomètres... Ca fait quand même 190kms environ de potentiel vent de face.
Les derniers arrivant étant un peu à la bourre, Jean-Philippe ayant besoin de faire un A/R à son appartement pour donner le départ, nous nous élançons à 4h08. Ca part assez calmement et Jean-Philippe nous mène en file indienne ou presque dans Echirolles puis jusqu'un peu avant Vif.
Ensuite c'est "chacun pour soit". De mon côté, je me retrouve assez vite dernier car je ne grimpe pas vite, excès de poids oblige. Mais ça ne me gène pas et j'ai l'habitude. Je sais que je vais doubler du monde au cours des arrêts, qu'à titre personnel j'essaie de limiter.
Vu la période plus tardive que d'habitude pour le déroulement du brevet, et vu mon manque de vitesse en montée, le jour se lève quand j'arrive au col du Fau (FR-38-0899). Il est 6h20. Malgré la température qui baisse progressivement, j'ai eu asez chaud dans la montée. Par contre, je ne suis pas trop gêné par le vent ;-) . J'ai d'ailleurs du remplir mon bidon à la fontaine de Monestier de Clermont car il était déjà vide.
Je ne me suis pas arrêté (ou juste le temps de prendre une photo) au Col du Fau. J'ai encore une bonne trentaine de kilomètres pour atteindre le col de la Croix Haute. Et quand je regarde au dessus de moi, ce que mes yeux rencontrent ne me dit pas grand chose. On va finir la monter, comme souvent... dans le brouillard.
8h00 ou presque, après une bonne partie de faux plats montant et descendants et 6 kilomètres à environ 5% de moyenne, j'arrive au Col de la Croix Haute (FR-26-1176). Du fait de la météo pas terrible, les paysages sont apparus moins beaux cette année que les autres années (2010 notamment). Mais à ma grande suprise... pas de brouillard... Remarque, vu le vent qui souffle... Et à 100m au dessus de nous, la cime des sapins est blanchie par la neige...
... et le termomètre du GPS indique -2.3°C... Moi qui suis monté avec la thermique et les gants courts enfile les gants d'hiver, et 2 coupe-vent... Par expérience la descente est glaciale... et rien ne sera de trop...
L'avantage de rouler seul c'est qu'on ne risque pas de se faire tomber avec un autre cyclo. Et les 2 qui sont repartis quelques secondes avant moi du col m'ont pris facilement de l'avance. Moi je descends en toute sérénité, savourant les 27 kilomètres jusqu'au contrôle. Après, je sais que la partie va se corser.
La descente s'est effectuée en un peu moins de 50' et je pointe là où j'ai mes habitudes. Le patron est très sympa et a préparé son tampon. Vu qu'en plus je dois être dans la queue du peloton, il a du voir passer du monde. L'avantage c'est que le pointage ne me prends pas de temps. Je repars, tourne à droite à la sortie du village et m'arrête pour re-remplir les bidons à la fontaine de la sortie d'Aspres... Et là je comprends une chose... Le vent souffle en mode "comme elle a dit la renarde".
Du coup, le pied du col jusqu'à La Beaume (11km en faux plat) va être compliqué. Le vent souffle tellement qu'une fois je suis obligé de mettre pied à terre pour ne pas tomber tellement je suis freiné. Je regarde la vitesse sur le GPS... 10km/h. Et là je me dis que la journée risque d'être longue... très longue... Bon on a jusqu'à minuit pour rentrer... Mais on va pouvoir voir si j'ai conservé mon mental.
Du coup, je mets des développements de plus en plus petit pour essayer de forcer le moins possible face au vent...
Et là miracle... j'arrive à atteindre La Beaume... puis à emtamer la montée où le vent est présent mais moins gênant... Mais les 6.3kms à 5% seront quand même effectué à 9km/h de moyenne... Pas si facile que ça...
Malgré tout, à se faire une raison, je progresse lentement... mais j'arrive en vue du but...
Et quand j'arrive au col, les 2 cyclos viennent de repartir... Donc je ne suis pas si loin que ça... Et comme je ne m'arrête pas, j'ai même des chances de les rattraper.
Même si le vent est présent, la descente facilite la progression quand il y a de la pente. Par contre quand la route devient plus plate on s'aperçoit que la vitesse a du mal à tenir au dessus des 20km/h. J'atteins le Claps,
... puis le saut de la Drôme
... et ce passage si caractéristique de cette route.
La partie entre Montlaur et Die est finalement assez pénible : étant assez plate, je suis bien freiné pas le vent que j'avale... D'où l'expression bouffer du vent :-(
A 5 kms de Die, 2 cyclos me rattrappent (tiens il y en a derrière ;-) ) et me demande de prendre les roues. Sympa. Quand je veux prendre un relais, ils me disent "tu roules tout seul" donc mets toi à l'abri. Pour le coup je ne me fais pas prier. Mais je les abandonne à Die ayant pour projet de m'arrêter remplir mes bidons.
Il est 12h15... Pas de fontaine et la place du village est occupée par une cérémonie d'anciens combattants (Ils jouaient le chant des Partisans). Je me dis que je trouverai sans doute un peu plus tard... J'ai une pensée pour Brigitte et Jérôme qui doivent se ballader un peu au dessus d'ici... pas loin...
A la sortie de Die je rejoins un autre cyclo arrêté à un feu rouge de travaux. Le cyclo roule bizarrement. Au redémarrage du feu il part à fond, je le laisse faire, puis reviens sur lui, à moins que ce soit lui qui me laisse revenir... pour se coller dans ma roue sans prendre un relais... et s'arrêter 10kms après peut être... pour manger... Bon sympa...
De mon côté, je continue avec mon vent de face à avancer petit à petit... en ayant pu remplir mes bidons d'eau sur la terasse du restaurant à Saillans...
Finalement, il est aux environs de 13h40 quand je vois poindre avec un grand soulagement le panneau Crest. Même si je sais que je vais encore bouffer du vent, je viens de remporter une première victoire contre lui avec 100km dans la face...
Le pointage s'effectue à la même station essence que d'habitude (AGIP). Quand je demande à la caissière combien sont passés, elle me répond que je suis le premier (plus exactement je pense que les autres ont pointé ailleurs), et quand je lui explique pourquoi il me faudrait un coup de tampon, elle me répond qu'elle sait puisqu'elle tamponne tous les ans... Super sympa... J'en profite pour lui acheter un coca. Entre mon arrivée pointage et mon départ... il s'est écoulé 4'. Maintenant j'ai 19kms de vent de face sur une route passante jusque Chabeuil...
Sur cette portion, la route monte de 100m en 5kms (2%) puis redescend en faux plat. Par expérience, en cas de vent du sud on peut aller très vite (34'13 en mars 2014) mais aussi très lentement (1h06 en mai 2014, au petit matin sur une fin de BRM 400) en cas de vent du nord.
Pour le coup, en me résignant mais en étant régulier et déterminé je vais mettre 1h02... pas si mal tout seul... Et puis quand j'avais du mal, je pensais à Hervé... Lui savait être un vrai battant... Aujourd'hui quand j'ai quelques difficultés, je pense à lui, à sa fin, en me disant, qu'en sa mémoire, et pour moi, je dois me battre, jamais me laisser abattre...
On a beau être déterminé, quand on voit le panneau... on est soulagé... et je le suis. D'autant plus qu'au niveau d'Upie je me suis inquiété. Pas pour moi, mais pour un TGV arrêté en pleine campagne... et quand on voit arriver les pompiers et la gendarmerie, et dans le contexte actuel, j'avoue que j'ai pensé au pire... Au final ce n'était malheureusement "qu'un accident de personne"... Triste de vouloir en finir, comme ça, sous un train...
Bon ce n'est pas tout, mais à Chabeuil je m'arrête juste le temps de remplir les bidons à la fontaine... Je me souviens de cette fontaine, car son emplacement m'avait initialement été indiqué par "Le Boss"... Dire que secrètement j'aimerais bien qu'il vienne à ma rencontre... Mais bon, sans l'avoir prévenu, ça risque d'être compliqué... Il est Le Boss pas devin...
Par contre, bien que je ne roule plus que plein nord, mais plutôt Nord-est, le vent est toujours aussi fort... Et là, au fond, j'aperçois des cyclos... Si regardez bien... on les voit derrière le panneau virage dangereux...
A 3.5kms de Charpey, ils ne s'éloignent pas... Je vais les reprendre. En fait il sont 4... Un tire la patte... Ce sont des cyclos de Bourg en Bresse. A ce moment là, ils ne me laissent pas une impression sympathique. En effet, quand je les rattrappe je me mets devant pour faire le bon samaritain. Au bout de quelques kilomètres, ils me passent. Pour prendre un relais ? Non pour accélérer et me planter là...
Bon ben j'étais seul avant, ça ne va pas me gêner... Bon je finis seul les bosses jusque Rochefort Sansom, arrive à Beauregard Barret où je constate que le vent ne souffle plus ou bien moins fort... Du coup je peux rallier Hostun plus facilement.
La presque bonne nouvelle ne tarde pas à arriver : le dernier contrôle de St Nazaire en Royan.
Le pointage s'effectue à 16h43. Je viens donc de mettre 3 heures pour faire les 50 kms qui me sépare de Crest... Ca ne fait pas lourd en moyenne... Mais maintenant ça va remonter... le vent étant tombé...
Toute la section de D1532 entre St Nazaire et Rovon n'est pas agréable car très roulante, surtout ce jour, fin de vacances scolaires où les gens sont pressés de rentrer chez eux... Je serre les fesses, car de mauvais souvenirs reviennent à moi en passnat à Iseron... Pour le coup à Iseron j'aperçois les 4 Burgiens arrêtés... Je passe sans mot dire...
Par contre, lorsque je vois ça...l'espoir m'envahit. L'arrivée est "proche"... 34kms d'abnégation en donnant un rythme... et finalement je ne devrai pas rentrer si tard que ça.
En ce dimanche soir, la voie verte est quasi déserte... Au moins je n'ai pas à faire attention aux passants...
Alors que je jette un oeil dans mes rétros, je vois arriver mes loulous. Cette fois la discussion s'engage et je comprends ce qu'il se passe. Sur le groupe de 4, 3 sont en forme, et un est cuit. Plutôt que les 3 en forme se mettent au niveau du plus faible, ça roule de manière désordonnée et par à-coups cramant à mon sens encore plus celui qui est fatigué. Comme on ne me refera pas, je décide de rester avec le plus "faible" histoire de terminer tranquillou se brevet. Du coup ses copains peuvent rouler plus vite, puis ralentir, etc... A la discussion, j'apprends qu'ils sont 4 PBPistes, partis dans le même groupe que moi (H) et arrivés quasi aux même horaires que moi ;-)
Dommage que le vent soit tombé, à cet endroit on l'aurait eu dans le dos...
Les habitués des BRM de Grenoble connaissent bien la signification de ce lieu... Il reste moins de 2 kms...
Il est aux environs de 19h35 lorsque nous nous présentons à 4 à la boite aux lettres. Je suis fourbu mais heureux et fier de ce que j'ai accompli en quasi solo. Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont envoyé des encouragement par FB ou SMS et que je n'ai découvert qu'à l'issue du brevet... Ca fait toujours du bien.
Voilà, le bilan de ce premier brevet de l'année (le seul ?) est de 301.8km, 2559m de D+ en 15h25.
Moi qui "me plaignait" de sorties courtes depuis le début de l'année, j'ai rattrapé le coup au moins d'Avril... 720km en 3 sorties :-)