BRM 300km de Grenoble : pour la première fois seul
Pour la troisième année consécutive je décide de participer au BRM 300km de Grenoble. Cette participation ne se décide que tardivement. Jean-Philippe BATTU, l'organisateur, me propose de m'héberger en compagnie de Pascal, un cyclo lorrain roulant en vélo couché. C'est une très gentille proposition, car cela me permettra de me lever un peu moins tôt, d'autant que nous changeons d'heure cette nuit.
Un peu avant 19h00 ce Samedi j'arrive chez Jean-Philippe. Pascal est déjà là. Nous échangeons nos souvenirs de PBP 2011, dinons et essayons de nous coucher tôt (22h30).
Il est encore 1h15 quand nous nous levons. Dans quelques minutes la pendule va avancer toute seule d'une heure. A 3h25 nous sommes Place de Sfax afin d'accueillir la vingtaine de participants. Je retrouve Benny et David, deux cyclos de mes amis.
Jean-Philippe nous prend en photo en compagnie de 2 autres cyclos, Benoit Mathieu et Jean-Yves DURET.
4h08 : le départ groupé est donné. Jean-Philippe se met en tête pour nous faire sortir de Grenoble. Il est très agréable de voir que chacun respecte les règles du jeu et que c'est bien un pelonton groupé qui sort de Grenoble.
Malgré tout, et dès Pont de Claix, le groupe s'étiole. Nous sommes maintenant sur la voie royale et YAPLUKA pédaler. David vient à ma hauteur et lui propose de ne pas lâcher le groupe devant, connaissant sa forme. Du coup il me lâche rapidement.
Je me retrouve ainsi rapidement seul, presque comme je le souhaitais. En effet, un de mes bons amis cyclo m'indiquait récemment qu'il était bien plus profitable et représentatif de terminé seul un long brevet qu'en groupe, car cela faisait ressortir la force de caractère.
La température est douce durant la montée vers le col du Fau (FR-38-0899). Il est 6h00 du matin lorsque je traverse Monestier de Clermont. Au contraire de l'an passé, je ne me détourne pas pour aller chercher le Collet de Sinard (FR-38-0881) mais je continue tranquillement la montée au Col du Fau où j'arrive un peu vers 6h15 du matin. Il fait encore nuit noire.
Les 32 kilomètres entre le Col du Fau et le Col de la Croix Haute (FR-26-1176) sont relativement simples. La route reste plus ou moins plate ou plus ou moins cabossée selon les points de vue. Néanmoins, cette vision du levée du soleil sur les montagnes du vercors reste magique.
Au niveau de Saint-Maurice en Trièves, je rajoute une excursion au Col de Tourdot (FR-38-0865) en
aller-retour, comme m'y oblige le règlement (si je m'écarte du parcours à un endroit, je dois y revenir), ce qui permet d'augmenter mon total de nouveaux cols passés cette année à 9. En revenant
du col, au croisement de la D1075, je croise des cyclos arrêtés à l'auberge toute proche qui me croient perdu.
La température à l'arrivée au col de la Croix Haute s'est maintenant rafraîchie. Je sais que ma thermique et mon coupe-vent ne seront pas de trop pour la descente de la vallée du Buech. Dans la montée je dépasse un groupe de cyclos de Gillonay, dont un semble souffrir de tendinite... Aie aie pour lui car nous n'en sommes qu'au km 70.
A l'arrivée à la Croix Haute pour moi il fait jour... Pour les premiers, il faisait nuit... L'effet sans doute du changement d'heure.
Comme depuis 3 ans, les 30kms de descente dans la vallée du Buech s'effectue sous une températures plus que fraiche. Il fait sans doute légèrement en dessous de 0°C. Je suis bien content d'avoir mis mes gants longs pour la descente.
Un peu après 9h00 je pointe à Aspres sur Buech (Km 99) à l'Epicerie du Buech. Nous y sommes toujours très bien accueilli. Nous avons parcouru environ un tiers du parcours et la moitié du dénivellé.
Le soleil est maintenant bien présent. Je tombe la thermique même s'il fait encore frais, car je sais que je vais avoir à affronter le petit col de Cabres (15km, dont uniquement les 5 derniers à 6%).
L'atteinte du col de Cabre s'effectue en 2 parties :
- l'approche jusqu'au village de La Beaume.
Sur ma droite je continue à voir le Vercors...
Côté route, celle-ci prend plutôt la forme d'une tôle ondulée. Elle peut être très pénible par vent de face. Pour moi, à cet instant, c'est royal, il n'y a aucun vent. Je ne fais donc que profiter des paysages.
- la montée proprement dite, longue de 5kms, à partir du village de La Beaume...
La montée est magnifique. Juste après ce tunnel, en levant la tête on découvre un magnifique cadrant solaire, dans la roche.
La montée se déroule bien et je retrouve les 2 vélos couchés engagés (dont Pascal ci-dessus dans la montée). Je constate malgré tout que je suis moins en jambe dans la montée que l'an passé.
Déjà, nous avions du vent dans le dos mais j'ai aussi une bonne dizaine de kilos de plus à transporter.
Les 2 vélos couchés et moi nous regroupons au col. Il est 10h20. Nous nous restaurons puis nous entamons la descente vers la vallée de la Drôme, chacun de notre côté. Nous avons alors effectué plus des 2/3 du dénivelé total, alors que le compteur n'affiche que 115km.
La descente est fraîche, voire très fraîche par endroit et j'ai été très inspiré de ne pas me découvrir en haut du col. Celle-ci s'effectue en 2 parties comme la montée :
- de la descente assez rapide jusqu'au village de Beaurières
- un long faux plat majoritairement descendant jusqu'à Die.
Durant la longue partie de faux plat nous longeons la Drôme et passons le Claps où la vue et la beauté des paysages font la
joie de n'importe quel touriste, fut-il cyclotouriste.
A partir de cet instant, et jusqu'à Chabeuil, je ne trouve pas que la route ait un grand intérêt de visite, mais il faut bien chercher à rentrer.
J'arrive à Die aux alentours de midi. J'y retrouve Jean-Philippe et nos vélos couchés. Je m'arrête très rapidement dans une boulangerie histoire d'acheter un fougasse et des boissons sucrées. Il est 12h05. Je repars rapidemennt car l'objectif est maintenant d'arriver avant 13h30 à Crest où on nous a indiqué le déroulement d'une course cycliste (Le Grand Prix des Mousquetaires).
La route étant plutôt monotone, je divise la distance qu'il me reste à parcourir. En plus le vent commence à se faire sentir, et comme Brigitte me l'avait indiqué, il va souffler au Nord.
Je passe Pontaix, puis Espenel et Saillans. J'ai d'ailleurs le vent dans le dos sur la partie Pontaix Espenel. Je savoure car je sais qu'après il va me casser les pieds.
Un peu avant Mirabel et Blacons, j'aperçois un cycliste qui arrive en face, qui s'arrête et sort son appareil photo. C'est l'ami Gérard qui vient à ma rencontre. Cela me fait très plaisir et va me casser la monotonie du parcours.
En arrivant sur Crest, nous croisons ou nous faisons doubler par les participants à la course qui sont en plein échauffement... A voir mon vélo avec ma sacoche de selle à l'arrière et ma sacoche
de guidon à l'avant, et à le comparer aux vélos ultra-dépouillés, on a l'impression de ne pas pratiquer la même discipline.
Je pointe à Crest à 13h30, c'est à dire bien avant mes espérances (14h00). Un des cyclos couchés que je retrouve régulièrement a la gentillesse de nous prendre en photo. Comme dit Gérard, on
dirait Laurel et Hardy.... Le gros et le petit mais aussi 2 bons amis
.
Après une pause un peu plus longue que les autres, je repars accompagné de Gérard histoire d'en finir au plus vite avec la route Crest - Chabeuil. Même si le vent de face n'est pas très fort, je sais qu'il va être gênant. De plus cette route est très passante et rouler à 2, oblige à rouler en file indienne.
Sur cette portion Gérard se mettra gentiment devant pour essayer de couper un peu du vent... Vu les différences de gabari cela aura moyennement fonctionné, mais je remercie encore Gérard de sa gentillesse. Cette partie là est assez casse pattes. Toujours des faux plats qui ont tendance à user... Nous rattraperons ainsi Jean-Philippe et ce faisant, et le connaissant un peu, je sais qu'il n'est pas au mieux. Inutile même de lui demander de prendre la roue. Le garçon se connait il préfère rouler à son rythme, quitte à être seul.
Gérard me laisse à Chabeuil, non sans m'avoir indiqué la fontaine dont a souvent parlé Olivier Buisson sur son blog et que je n'avais jamais trouvée.
Me voilà de nouveau seul pour boucle la fin de parcours, et sur une partie où je ne suis pas au mieux. J'en averti même Brigitte lors d'un micro-arrêt en répondant à un SMS de Brigitte...
Il n'empêche que même si j'ai mal aux jambes, j'arrive à avancer sans me démoraliser à cause du vente. Et petit à petit les villages défilent. Tout d'abord Rochefort Samson (village
silencieux), Hostun...
... puis arrive Saint-Nazaire en Royans.
J'y pointe à 16h30 en me rendant comme les autres années à la même boulangerie. L'arrêt ne durera que le temps de quelques photos. Je sais qu'il me faut repartir pour évacuer vite les kilomètres de route passante qui sont au devant de moi.
Les kilomètres vont ainsi défiler assez doucement jusqu'à Saint-Gervais... J'avoue avoir eu un pincement au coeur à Izeron espèrant qu'il ne m'arriverait rien...
Lorsque j'arrive enfin sur la voie verte je suis soulagé. Il reste maintenant 34 km (attention c'est long après 270km) mais au moins peu de risques de circulation... d'autant que celle-ci est déserte.
Malgré le mal aux jambes qui commence à survenir (j'ai assez peu de kilomètres avant d'aborder ce 300), je m'échine à mouliner et à garder un certain rythme de pédalage. Et surtout j'essaie de ne pas penser à la distance qu'il me reste. Je me souviens avoir pensé en 2010 être déjà arrivé en entrant sur la voie verte... Il restait pourtant plus d'une bonne heure de route.
Les kilomètres défilent. Les quelques cyclos que je croise sur cette voie verte ne sont pas très causant ne répondant pas à mes saluts.
A une douzaine de kilomètres de Grenoble j'aperçois en point de mire un vélo couché. Petit à petit l'écart entre nous se réduit et j'ai la surprise de constater qu'il s'agit de Pascal... Pascal me dit s'endormir (à cause de la fatigue et de la platitude de la fin de parcours ?). Pascal essaie avec succès de rester dans ma roue. Histoire d'arriver ensemble j'ai un poil diminué mon rythme...
A 2, les derniers kilomètres défilent encore plus vite... Du coup je guide Pascal dans les méandres de l'arrivée (Jean-Philippe a fait baliser l'arrivée comme on le voit ci-dessus). Lorsque nous passons le pont, il reste moins de 2 kilomètres...
... Il est 19h15 lorsque nous arrivons au point d'arrivée. Ayant oublié un stylo, je vais en chercher un dans la voiture pour remplir la carte de route et la signer. Le temps officiel sera donc de 15h15 pour 310km et 2445m de dénivelé. Sachant que nous sommes réellement parti à 4h08, cela fera effectivement un peu moins.
Finalement je suis très satisfait de ma journée, quoi que bien fourbu. En effet, rouler seul à 20km/h sur plus 300km reste typiquement ce que je me sens capable de faire... et que j'ai donc réussi à faire.
Voilà pour cette année, il me reste à remercier Jean-Philippe pour son accueil et sa gentillesse et dire ma satisfaction des rencontres du jour.